Mon rapport au féminisme, mon parcours d’adolescente à femme

On se retrouve pour un sujet que j’ai envie d’aborder depuis longtemps mais dont je n’avais pas encore osé parler, je vous ai demandé votre avis sur le sujet sur instagram et vous avez été nombreuse à me dire de publier l’article… Tadam c’est chose faite.

Aujourd’hui on parle de mon rapport au féminisme, le changement que j’ai opéré dans ma façon de penser et ma manière de voir le féminisme aujourd’hui. J’espère que ça vous plaira, je prends juste trois lignes pour vous rappeler que c’est simplement mon opinion, mon ressenti et que l’ont peu chacun en avoir un totalement différent, tant que ça reste dans de la bienveillance et du dialogue. Pour en avoir parlé plusieurs fois autour de moi, chaque femme ayant un parcours différent, il y a pour moi autant de façon de vivre sa féminité que de femme et autant de manières d’être féministe que de femmes ( et d’hommes car oui les hommes aussi peuvent être féministes ).

Mon rapport au féminisme enfant / ado :

Je suis de celle qui pense que l’humain ne contrôle pas tout et surtout pas son psychique, sa manière de fonctionner et que notre esprit est totalement formaté par le pays ou nous vivons, la place dans notre famille, notre culture, notre religion etc etc. Je pense que quoi que l’on en dise, cette emprise reste quelque part dans notre cerveau même quand on souhaite s’en détacher ( par rapport à la politique par exemple, à l’âge ou l’on commence à nous demander notre avis, disons entre 15 et 18 ans, on se retrouve facilement dans la même position politique que nos parents ).  J’ai peu, voire pas du tout pensé au féminisme en étant enfant et adolescente.

J’ai grandi dans une famille catholique sans être spécialement à fond dedans, j’ai 5 frères et sœurs, j’ai était en collège et lycée public puis en lycée privé à force de faire des conneries ( la punition quoi ahah ). J’avais une maman, mère au foyer après avoir bossé de ses 14 à ses 35 ans en tant que coiffeuse, je me suis peu posé de questions à ce moment là. J’ai eu plusieurs interrogations sur la place des femmes et  ma propre place lorsque j’ai perdu mon papa à 15 ans. C’est  là ou j’ai vraiment ressenti le poids de certaines choses, quand la banque appelle et souhaite parler au mari plutôt qu’à la femme, quand dans x situation pour des papiers il faut toujours mettre le nom de son mari ou de son père. Mais très sincèrement ,sans plus me poser de question. Je me posais même pas la question en fait du féminisme parce que je ne vivais rien au quotidien qui pouvait m’y faire penser. J’ai toujours fait des sports mixtes comme le handball ou l’équitation avec des filles et des garçons, rien ne m’a été interdit parce que j’étais une petite fille ou une femme. Je n’avais pas de problème dans les transports ou dans la rue ( même après quand j’allais à la fac à Paris, je n’ai jamais eu de problème ou autre ) je me suis déjà sentie  » draguer lourdement  » mais pas en danger ou dans une situation ou je ne pouvais pas m’extirper.

 

 

 

 

Mon rapport au féminisme il y a quelques années :

J’ai grandi, j’ai été étudiante ( parcours un peu chaotique, 3 mois de Sorbonne puis un an de petits boulots et de voyage car aucune idée de ce que je voulais faire ), j’ai ensuite enchaîné sur des études pour travailler en tant que maquilleuse dans la mode. Dans ma vie personnelle, j’ai été en couple avec des hommes et avec des femmes aussi et je vivais tout ça assez bien.  C’est vraiment à ce moment-là que j’ai pu avoir des premiers commentaires qui glissaient vers le sexisme et l’homophobie du type  » ah mais c’est parce que ta n’as pas trouvé un homme qui te convient  » ou  » ah mais tu es be ? ça ne se voit pas  » .

En travaillant dans le milieu du spectacle et de la mode, je pense que le rapport est différent car le milieu est quand même très ouvert ( beaucoup d’homosexualité etc ) mais aussi très sexiste. La majorité des grands photographes sont des hommes, il y a beaucoup de clichés, beaucoup de coucherie à droite à gauche etc. J’avais l’impression d’avoir deux choix à cette période de ma vie, soit être  » une proie  » baisser le regard devant certains hommes, ne rien dire, laisser passer le commentaire ou l’insulte ou être  » une meuf avec des couilles  » c’est-à-dire prendre les devants, répondre par une insulte ou un doigt d’honneur, être dans la provocation, répliquer, faire moi même des blagues lourdingues etc. Alors forcément maintenant je me demande ce qui m’est passé par la tête mais j’avais ce deuxième comportement avec dans l’esprit un schéma ( en résumé hein ) : je suis une femme, j’ai des aoûts, ils ont des faiblesses, go girl autant en profiter ! Pendant cette période je n’ai absolument pas souffert de me sentir inférieur ou autre, je n’avais pourtant pas l’impression de supporter le sexisme à l’époque. J’étais celle qui avait du caractère et qui ne se laisse pas marcher dessus.

C’est à peu près à ce moment-là que les femen sont apparues dans la société et vraiment s’en vous mentir en toute franchise, j’avais vraiment honte de leur comportement. Je ne comprenais absolument pas pourquoi et en quoi pisser sur des tableaux dans une église ou montrer ses seins allait faire avancer quoi que ce soit ( et très sincèrement encore maintenant ). Je pense qu’en règle générale peu importe le sujet, je ne fais pas partie des personnes sur laquelle la solution dite  » extrême  » fonctionne. Que ce soit pour tout, l’écologie, la spiritualité, les combats de ce type, le  » trop  » ne me touche pas voir me fait fuir.

Mon rapport au féminisme post mouvement me too : 

Ayant quitté le milieu de la mode pour une reconversion pendant plusieurs années j’ai également quitté la région parisienne ( j’ai vécu en haute montagne puis près de Troyes pour revenir en 2018 en Seine et Marne ). Pour être tout à fait franche je me suis pris une petite claque à mon retour en région parisienne, est-ce que le sexisme était moins présent avant, est-ce que je ne m’en rendais pas compte .. peut-être. Quoi qu’il en soit j’avais l’impression d’être constamment mal regardé, souvent abordé de manière bien lourde, d’entendre bien plus souvent des remarques débiles bien machiste et de m’en être pris plein la tête lors de ma création d’entreprise. Entre remarques du type  » tu es trop jeune pour monter ton entreprise « ,  » c’est pas pour les femmes entrepreneuriat  » et autre j’en ai eu vite gros sur le cœur.

Au même moment, l’affaire Weinstein et le mouvement me too apparaît, deuxième claque, si personnellement je n’avais jamais eu à souffrir trop de ce type de comportement, je me suis rendu compte que la plupart des jeunes filles et femmes autour de moi si. Ce mouvement m’a poussé dans mes retranchements, je n’aimais pas le système de  » délation  » qui quand il était faux pouvait détruire la vie d’un homme mais je trouvais ça immonde le comportement de certains et forcez de constater que ce mouvement à permis à nombre de femmes de libérer leurs paroles autour du harcèlement, du viol etc. J’étais mitigé car je trouvais ce mouvement indispensable mais comme terrible aussi pour ceux qui en étaient victimes sans n’avoir rien fait.

 

 

 

 

Mon rapport au féminisme maintenant :

Depuis plus d’un an, j’ai l’impression que mon avis a assez évolué dans ce sens et que dans un sens j’ai fait la  » paix  » avec moi. J’avais tendance à penser que je ne pouvais pas avoir envie de faire à manger à mon chéri le soir en me disant qu’il devait être fatigué du boulot tout en me disant féministe ( oui je sais c’est un peu con ). J’étais comme tiraillé entre mes envies personnelles et l’image que l’on renvoie des féministes parfois. Moi une femme qui entreprend mais qui a des problèmes de confiance en soi et qui aime être désirée. Moi une femme qui sort les poings quand une nana se fait emmerder dans le train ou ailleurs mais qui a besoin d’une relation ou l’homme est présent pour me rassurer plus que régulièrement ( œdipe non résolu bonsoiiiiiir ).

Et en fait vous savez quoi ? Ce n’est pas grave .. et en plus ce n’est pas en opposition. Vouloir que la femme soit l’égal de l’homme tout en comprenant que nous avons nos forces et nos faiblesses dans les deux sexes c’est aussi du féminisme. Vouloir avoir le même salaire qu’un homme tout en comprenant que oui je ne peux pas physiquement porter un homme de 90 kilos alors que lui le peut n’est pas un problème. Vouloir que les femmes puissent faire le métier ou le sport dont elles ont envie et pour autant aimer qu’un homme me fasse un compliment parfois ne me rend pas moins légitime à parler de ce sujet. Dans ma manière de voir le monde, aucun combat n’est plus légitime qu’un autre peu importe le combat si c’est le tien et qu’il te tient à cœur.

 

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Régulièrement désormais je n’ai plus honte de faire remarquer aux hommes de mon entourage que leurs remarques sont sexistes ( avec pédagogie parce que souvent ce n’est pas le fond de leurs pensées ), tout en acceptant aussi quand moi je fais une remarque dans l’autre sens tout aussi sexiste. Je me suis rendu compte que féministe, ça voulait simplement dire égalitaire.

J’ai mis pas mal de temps à publier cet article parce que j’avais l’impression que mon point de vue n’était pas forcément bon ou pas bon à partager mais je suis heureuse de l’avoir fait et j’aimerais beaucoup avoir vos retours sur vous votre propre vision du féminisme. 

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